1972 – Vencimont

La première publication de cet article a eu lieu le 21 mars 2012.

Voir aussi le Post « Retour à Vencimont »

Le ry d’Aursis — prononcer Aurcisse — est un petit ruisseau sauvage de la forêt des Ardennes. Les truites le remontent parfois pour frayer à l’abri du danger. Long de deux kilomètres à peine, il dévale des Noisseaux à travers bois, passe dans deux grandes clairières puis se jette dans la Houille en amont de Vencimont — prononcer Venne Simon — agréable village blotti au milieu des bois entre Beauraing et Gedinne.

La Houille est une rivière d’une trentaine de kilomètres qui draine le versant nord-est du plateau de la Croix Scaille avant de se jeter dans la Meuse à Givet. Abondante et généreuse, elle a déjà plusieurs mètres de large quand elle traverse Vencimont. En plein bois ou dans les hautes herbes, ses eaux limpides bondissent par-dessus les pierres en faisant la joie des libellules. Le promeneur attentif pourra voir un pêcheur la remonter en marchant dans son lit et lancer régulièrement la mouche artificielle qu’il a attachée au bout de sa ligne. Dans la région, la pêche à la truite n’est pas une activité sédentaire. C’est un sport.

7208 - Vencimont - Chemin de la Houille

Fig. 1. Le chemin qui remonte la rive droite de la Houille de Vencimont au ry d’Aursis.

Les clairières arrosées par le ry d’Aursis forment une vaste trouée de lumière au milieu des conifères et des feuillus. Celle du haut est séparée en deux par le ruisseau qui y alimente un petit étang. Une cabane en bois le domine à quelques mètres. On y range le matériel de pêche et s’y réfugie par mauvais temps. À gauche de la porte d’entrée est écrit à la peinture blanche : « LA VEINE ». Les pêcheurs ont voulu ainsi conjurer le sort. Dans la clairière du bas se dresse un chalet dont les grandes fenêtres et la terrasse ouvrent sur la Houille. L’eau courante est captée dans le ry d’Aursis le long de la forêt mais l’électricité doit être produite par une roue hydraulique ou un groupe électrogène.

Le maître des lieux est un homme du cru appelé Sylva. Son nom signifie la forêt. Il est le beau-frère de Griffon. Depuis son enfance, il parcourt les bois et pêche la truite à la mouche. Quand il a appris que les scouts de Saintes cherchaient une prairie pour leur premier grand camp, il n’a pas hésité à leur prêter la clairière du haut et la cabane de pêche. Six ans plus tard, il fera de même et les scouts reviendront sous la conduite d’Élan.

En 1972, la troupe ne possédait pas encore de matériel propre. Elle avait dû emprunter au Service National de la Jeunesse quatre tentes militaires. Mais les chefs avaient fabriqué eux-mêmes des auvents quelques jours avant le départ. Aidés par Griffon et sa femme, ils avaient cousu ensemble et imperméabilisé des bandes de tissu de récupération et y avaient fixé des tendeurs. Le soir du 1er août, Griffon, Fennec et Aiglon conduisirent sur place les toiles, les coffres de patrouille et le matériel de l’intendance. Sylva et sa femme aidèrent au déchargement.

La première grande aventure de la troupe Sainte-Renelde s’est ainsi déroulée à Vencimont du 2 au 12 août 1972. Le chef d’unité était Griffon pataud. Le staff de troupe se composait des quatre routiers fondateurs : Faon tu promets (chef de troupe), Fennec astucieux, Castor expansif et Aiglon modeste. La patrouille des Aigles comptait huit scouts : Élan dynamique (CP), Furet disponible (second), Raton dévoué, Daim confiant, Wapiti solidaire, Cobra régulier, Marcassin attentif et Jaguar détendu. La patrouille des Renards en comptait sept : Chat tenace (CP), Poulain entreprenant (second), Brocard responsable, Fauvette discrète, Koala laborieux, Lionceau discipliné et Hamster humble. Ourson, un ancien de Tubize-Bruyère à qui Faon avait demandé de l’aide pour l’intendance participa quelques jours au camp.

La visite des parents eut lieu le dimanche 6. Ensuite, il y eut un grand jeu inspiré de l’histoire romaine. Puis ce fut le hike de deux jours qui lança les patrouilles dans les bois au sud de Vencimont à la découverte de la forêt et de ses villages. Les Aigles traversèrent Malvoisin, Haut-Fays, Gembes où ils logèrent, Gedinne-gare et Patignies, les Renards Gedinne, Louette-Saint-Denis, Houdremont où ils logèrent, Louette-Saint-Pierre et Sart-Custinne. Ces parcours de quelque vingt-cinq kilomètres furent de belles épreuves de débrouillardise et d’endurance qui apprirent aux scouts à s’entendre, à s’organiser, à vivre ensemble. Les trois jours restants furent consacrés au jeu de nuit, à la totémisation et au démontage.

Quelques photos noir et blanc ont été prises avec un ancien appareil dont il fallait régler à l’estime la mise au point, la vitesse et l’ouverture. Beaucoup sont floues ou mal exposées et la pellicule manque de contraste. L’entraînement du film a eu quelques ratés et plusieurs vues sont superposées. Mais malgré cela, l’ensemble restitue un peu l’esprit qui animait la troupe lorsqu’elle avait un an.

Le diaporama qui en a été tiré reprend les photos dans leur ordre chronologique. Il faut le télécharger et l’enregistrer en cliquant sur son nom ci-dessous. Cela peut prendre plusieurs minutes. Ensuite il faut s’assurer que l’extension est bien .pps et ouvrir le fichier. On avance au clic ou avec la barre d’espacement ou la flèche avant. On recule avec le retour arrière ou la flèche arrière.

Vencimont Montage